25 avril 2006

TCHERNOBYL 1986-2006 - LE VILLAGE DE NADYA


Le village de Nadya de Seiichi Motohashi

Japon – 1h58 – 2000

Le film commence par une scène champêtre : des paysannes et des enfants ramassent des pommes. Un hymne tranquille à la nature. Sauf qu’ici, tout est à revoir. Nous sommes à une poignée de kilomètres de Tchernobyl, dans un village normalement interdit à la population, où quelques réfractaires ont décidé de rester, bravant les interdits, une solitude quasi-totale – cela fait longtemps que les gouvernants les ont oubliés (à l’exception d’un service social qui semble peu concerné) – et luttant contre une nature viciée dont ils tirent pourtant l’unique moyen de vivre. La grande force de ce documentaire est de refuser le sensationnel : c’est un film du présent, où l’Evénement, sans être mis à l’écart, fait déjà partie de la mémoire. La douleur s’est assourdie, visible encore dans l’acharnement presque obsessionnel des femmes au travail, dans l’ivresse quasi constante des hommes, dans le regard des enfants pour qui le mot « avenir » n’est qu’une vision abstraite. L’apparente sérénité du film est-elle une récession, le prix d’une survie qui interdit le doute ? Le film ne cherche pas à induire la réponse et s’attache au contraire à conférer à ces témoignages une puissance humaniste rare.

Xavier Leherpeur – Cinélive

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